Impact de tes « privilèges » sur l’importance donnée à ta vie privée

Enjeux | On utilise tes données

Impact de tes « privilèges » sur l’importance donnée à ta vie privée

8 février 2023 | Enjeux, On utilise tes données

Tes « privilèges » sociaux ont clairement un impact sur la manière dont tu te comportes dans ton quotidien et l’importance que tu donnes au respect de ta vie privée.

Quand tu penses que tout va bien dans le meilleur des mondes parce que tu fais partie du bon club.

Cela influe ta manière d’étaler ta vie et celle des autres sur les réseaux, par exemple.

Si tu coches toutes les « bonnes » cases (celles que la majorité ambiante aura pointées du doigt comme étant « bonnes », on est d’accord que je ne valide pas le choix des cases), tu peux probablement te permettre de générer des données te concernant comme s’il n’y avait aucun problème à ce que beaucoup (trop) de gens sachent beaucoup (trop) de choses sur toi.

Enfin, tu en as l’impression, du moins.

Bah oui, quand ton profil (genre, orientation sexuelle, croyance religieuse, etc.) colle à celui de la majorité au pouvoir, tu ne risques pas des masses d’être discriminé pour ce que tu es. Ou n’es pas.

Lorsque tu dissémines des infos sur ta vie en toute insouciance, tu peux mettre en danger la vie des autres, mais aussi la tienne.

En toute insouciance ?

Qu’est-ce que je veux dire par là ?

Dans ton quotidien, que tu sois avec ta casquette professionnelle ou privée, agir avec insouciance c’est entre autres :

  • Accepter tous les cookies, tout le temps, sur tous les sites ;
  • Partager ta vie et celle des autres dans des messageries gratuites et des réseaux sociaux sans vérifier comment ces plateformes se financent et à qui elles fournissent tes données personnelles ;
  • Ne faire aucun effort pour sécuriser les données qui te passent par les mains ou pour choisir des prestataires de service consciencieux et respectueux des lois ;
  • Te convaincre que « ça ne fait de mal à personne » quand tu publies des photos avec d’autres gens dessus ;
  • Voter pour des partis qui n’ont pas notre vie privée à cœur.

En te disant, en bref, que la surveillance (du secteur privé ou du secteur public), c’est normal, qu’on n’a rien à cacher et que ça ne nous fait pas de mal.

Bien entendu, on ne peut pas être en vigilance constante, et les organismes qui exploitent nos données personnelles font tout pour normaliser la collecte de données et noyer le poisson. Pour que nous devions fournir des efforts disproportionnés pour ne serait-ce que nous informer sur ce qu’ils font de nos données.

Mais chaque petit geste compte, vraiment. Ce n’est pas une fatalité.

Risquer la vie des autres ?

Souviens-toi que tu n’es pas seul.

Que ce que tu dis de toi généralement impacte d’autres gens. Que parmi eux, certains sont moins à l’aise que toi, avec l’étalage de leur vie en ligne.

Pourquoi ?

– Parce qu’ils sont différents de la majorité en place dans leur communauté et peuvent en souffrir si ça se sait ;
– Parce qu’ils pensent différemment et ne veulent pas (encore) que ça se sache ;
– Parce qu’ils œuvrent pour des valeurs dont les opposants sont agressifs ou possèdent des moyens de pression auxquels ils ne veulent pas s’exposer.

Un risque de quoi ?

Obtenir des données personnelles sur quelqu’un, ça signifie donner les moyens de pouvoir contacter cette personne ou ses proches, trouver son domicile ou son trajet habituel, savoir à qui parler et quoi dire pour lui nuire.

Que ce soit direct ou indirect, financier, physique ou moral, les dommages que ces « autres », toi ou moi pouvons subir sont réels : Endettement causé par un vol d’identité, sentiment d’être surveillé en permanence qui modifie notre comportement, agression, discrimination,.. .

Sache d’ailleurs que le risque que nous subissions concrètement un de ces dommages est normalement un élément important qu’un organisme souhaitant utiliser nos données doit prendre en compte dans la poursuite de ces projets.

En effet, à chaque fois qu’il se fixe un objectif qui nécessite qu’il utilise nos données personnelles pour l’atteindre, il doit  :

  • évaluer s’il a vraiment besoin de nos données pour y parvenir ;
  • mesurer quels sont les risques possibles (causés par l’usage « normal » des données qu’il envisage, mais aussi en cas de fuite de données) pour nous (dont il souhaite utiliser les données) ;
  • mettre en place des mesures pour atténuer ces risques, voir les faire disparaître.

Un risque pour qui ?

Si le risque final pour nous, les personnes dont l’organisme utilise les données, reste trop élevé et ce malgré ses efforts, il est prié de revoir sa copie ou d’abandonner le projet (enfin, ça c’est s’il respecte le RGPD).

Il n’est donc pas question qu’un « appétit pour le risque » (tel que le business le conçoit habituellement) vienne justifier qu’un organisme nous mette en danger.

Le baromètre de mesure du risque quand il s’agit d’utilisation de données personnelles, c’est la personne (nous) dont les données sont utilisées, pas l’organisme qui fait son business plan.

(Même si lui aussi devra mesurer ses risques – possibilité d’être sanctionné, retard dans le projet, mauvaise qualité des données collectées,.. – mais là, je m’égare.)

Risquer ta propre vie ?

Déjà, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

L’insouciant d’aujourd’hui (que tu es peut-être) peut demain se réveiller et comprendre qu’il y a quelque chose dans ses croyances, dans sa vie, qu’il ne souhaite pas être monitoré en permanence:

  • Tu peux avoir une idée de génie que tu voudras breveter sans que quelqu’un d’autre te vole l’idée ;
  • Tu peux devenir parent et soudainement te dire que tu as envie de montrer une certaine image de toi à cet enfant ;
  • Tu peux changer de case, pour une raison ou une autre, et comprendre que finalement, l’étiquetage, c’est pratique au magasin, mais nettement moins top sur les gens (surtout à leur insu).

Le monde évolue. Peut-être qu’aujourd’hui, tu es dans « la bonne case », mais qui sait ce que l’avenir nous réserve ?

Qui sait si demain, le régime de ton pays ne changera pas drastiquement ? Que ce qui était normal et acquis devienne illégal ?

À ce moment-là, la protection de tes données et de ta vie privée prendra tout son sens.

Et si ce n’est pas ton pays, ça peut être le pays d’un ami qui vit là-bas au loin (disons, kof kof, les Etats-Unis ?). Des confidences en ligne sur un acte compliqué à poser (disons, un avortement) peut passer du statut de soutien moral à preuve incriminante, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Et puis, il y a les autres qui agissent dans l’ombre pour t’arnaquer.

Même si tu es toujours dans « la bonne case », là dehors, il y a des gens qui sont ravis de collecter des infos sur toi, tes habitudes, ton absence flagrante de mesures de sécurité pour protéger ta boite email, tes comptes en ligne, ton identité..

Parce qu’eux aussi, ils ont bien envie de profiter de tes privilèges.

Si tu vois où je veux en venir.

Mon ressenti personnel par rapport à cela

Tout dépend de la manière dont tu définis la communauté où tu évolues.

Je suis très consciente que niveau « privilèges », je suis plutôt bien lotie, dans la communauté où j’évolue. Quand je parle de communauté, je parle du groupe d’individus avec qui j’interagis au quotidien, à la fois dans ma vie privée et ma vie professionnelle.

Au final, la « seule » chose qui pourrait être une source évidente de discrimination, c’est mon genre. Mais vu ma communauté et mon expérience professionnelle actuelle, j’ai l’impression que c’est ok, sous contrôle.

Illusion peut-être, mais ici c’est mon ressenti à moi, à ce moment de ma vie.

Cette perception de risque à la discrimination est donc, je pense, très relative à la manière dont tu définis cette « communauté ».

Bien entendu, ton pays et les lois qui s’y appliquent vont définir certaines normes.

Mais pour le quotidien direct, je la vois plus restreinte, cette communauté.

Sauf qu’avec internet, nous nous exposons à une communauté beaucoup plus large, où nous pouvons facilement basculer dans une catégorie discriminante sans même nous en rendre compte (parce que les organismes ont plus de liberté pour faire n’importe quoi avec nos données en dehors de l’Europe, ou que les mœurs sont si différentes que nous ne sommes plus dans la « majorité »). Voire nous retrouver hors-la-loi.

Ne pas oublier les étiquettes collées en furtif.

Probablement que si je savais le nombre de boulots et de promotions qui me sont passées sous le nez à cause de mon genre, je trouverais ma situation personnelle moins ok.

Et peut-être que des organismes m’ont collé des étiquettes intéressantes qui ont (eu) un impact aussi. En sous-marin, sans que j’en sois consciente.

D’où l’importance d’exercer nos droits pour connaître ces étiquettes et sur quelle base on nous les a collées.

Savoir, c’est la première étape pour reprendre du pouvoir. 

Conclusion

Dans le doute :

  • abstiens-toi d’exposer tes données personnelles sans savoir à qui et pourquoi ;
  • pose des questions aux organismes sur les prises de décision qui te concernent, que tu arrives à identifier (pas toujours simple) et avec lesquelles tu n’es pas d’accord.

Et si tu as fini de parcourir cet article, dis-toi que déjà, tu as fait un premier pas pour reconnaître que protéger tes données personnes et celles des autres, c’est peut-être plus crucial que « juste » esquiver des spams dans ta boîte d’emails.

Bravo, donc !


Salut, moi c’est Mel’,

Juriste passionnée tombée dans la marmite du RGPD.
J’ai finalement compris qu’à côté des aspects légaux « administratifs-punitifs » pour nous avec notre casquette d’entrepreneur/travailleur, il y avait des enjeux très concrets pour les vraies gens.
Nos clients, nos collègues.
Nos proches.
Nous.
La société, même.

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